Mickaël exploite une ferme de 22 ha cultivée en Bio sur laquelle il produit des légumes de plein champs (pomme de terre, poireau, oignon) et des cultures diversifiées (méteil, maïs grain, tournesol, blé, féverole…). En complément de cette activité, il a souhaité mettre en place un atelier de poules pondeuses. C’est ainsi qu’en février prochain, il va accueillir 1 500 poules dans un bâtiment fraichement rénové. Tous ses œufs seront vendus sur des points de vente locaux.
Le partenariat entre le CPIE et la ferme de Mickaël existe depuis plusieurs années puisque nous avons réalisé un plan de gestion des haies et animé un programme de plantation dans les parcelles cultivées. C’est donc tout naturellement que Mickaël s’est rapproché de nous afin de réfléchir à l’aménagement de ses parcours volailles.
L’objectif partagé dans cet aménagement était de construire un projet innovant répondant aux enjeux et besoins du territoire. C’est ainsi qu’est né le « projet noisetier ». En effet, la consommation annuelle de noisettes en France est d’environ 25 000 Tonnes avec une capacité de production qui varie entre 8 000 et 10 000 Tonnes en fonction des années. La production est donc largement déficitaire. Ainsi, l’approvisionnement en noisettes de consommation se fait essentiellement en Turquie qui produit 80 % de la production mondiale (source : association casse-noisettes). Cette problématique est d’autant plus marquée sur le marché de la noisette bio puisque la production de ce fruit en agriculture biologique en France est anecdotique. L’idée du noisetier était donc née !
Les intérêts d’intégrer des noisetiers dans les parcours à volailles sont multiples :
- Le bon aménagement des parcours permet d’offrir des zones de corridors que les poules vont pouvoir longer en sortant des bâtiments. En effet, le comportement d’une volaille en extérieur est très spécifique. Elle a besoin de se sentir en sécurité pour investir pleinement le parcours.
- La croissance rapide du noisetier permet d’offrir des zones d’ombre et des abris contre le vent qui améliorent le confort des animaux.
- En contrepartie, la poule semble pouvoir être un auxiliaire intéressant de noisetier. En effet, les noisettes (notamment en bio) sont attaquées par un ravageur (le balanin) qui dans sa forme larvaire se réfugie à l’automne et durant tout l’hiver dans la partie superficielle du sol. La poule, grosse consommatrice de ce type de larve pourrait permettre de limiter ainsi leur développement. C’est du moins le pari que nous avons fait pour développer la noisette biologique localement.
L’idée posée sur le papier, il n’y avait plus qu’à ! Nous avons donc travaillé, avec Mickaël pour trouver des structures prêtes à nous accompagner financièrement dans ce projet. C'est ainsi que les magasins U de Pouzauges et des Herbiers, ainsi que l'entreprise la Boulangère ont accepté de nous soutenir dans cette expérimentation.
En décembre dernier, 300 noisetiers provenant de la pépinière du bocage voisine, ont donc été plantés avec les jeunes de la MFR de Mauléon. Le CPIE continuera de suivre ce projet, qui, espérons-le, pourra se développer sur d’autres fermes du territoire. Les arbres devraient commencer leurs productions dans 4 ans. Alors, à bientôt pour casser les premières noisettes !